L’histoire du Château de Bussemont
Aux origines
Rattaché à la commune de Saint-Lumier-la-Populeuse, le château de Bussemont, bâti en briques rouges, fut érigé au XVIᵉ siècle, sous le règne d’Henri IV.
Les premiers seigneurs
Le domaine appartint d’abord au Sieur Langault, puis à son gendre, le Sieur Loison.
En 1664, il est acquis et restauré par Louis-François de Tournebulle (du clan écossais Turnbull), comme en témoigne une inscription retrouvée dans les fondations du pavillon ouest (répertoriée dans le Dictionnaire biographique de la Marne, p. 635).
Le temps des Wignacourt
Le château devient ensuite la propriété de Messire Jean-François Henry Joseph de Wignacourt, comte de Morimont, seigneur de Blesme, Bussemont et Saint-Lumier, qui épousa en 1722, Marie-Anne de Tournebulle, dame de Saint-Lumier.
À la veille de la Révolution, la tradition rapporte qu’une dernière assemblée des notables de Champagne se serait tenue dans le grand salon du château, décoré dans un style rocaille rappelant celui d’Étrepy. C’est là que furent désignés les députés de la Noblesse aux États Généraux de 1789.
Les Morambert et les Soulanges
Après la Révolution, le château passe dans les mains de la famille de Morambert, puis, par mariage, dans celle des de Soulanges.
En 1864, Alfred de Soulanges le cède à Jean-Baptiste Ange Morillot (Dictionnaire biographique de la Marne, p. 635).
Jean-Baptiste Ange décède en 1879. Son fils unique, Jean-Baptiste Léon Morillot (1838-1909), né au château d’Étrepy, en hérite et entreprend une restauration complète du domaine entre 1871 et 1884.
La chapelle et l’œuvre de Léon Morillot
En 1886, son projet de crypte familiale à Blesme ayant été refusé par le conseil municipal, Léon Morillot fait ériger la Chapelle du Sacré-Cœur sur sa propriété. En 1900, il obtient l’autorisation d’y transférer les sépultures familiales.
Homme d’engagement social, auteur d’un ouvrage sur la condition des enfants nés hors mariage et auditeur au Conseil d’État, il reçoit du Saint-Siège le titre de Comte romain héréditaire pour ses actions en faveur des plus démunis.
Une famille marquée par l’Histoire
Le destin de la famille Morillot est intimement lié aux grands événements de l’Histoire. En 1915, au cœur de la Première Guerre mondiale, Louis Joseph Roland Morillot (1885-1915), fils de Léon, trouva la mort dans un acte de bravoure.
Enseigne de vaisseau et commandant du sous-marin Monge, il choisit de rester à bord lors du naufrage de son navire dans l’Adriatique. Son sacrifice fut si marquant qu’en 1953, la Marine française donna son nom à un sous-marin.
À la même époque, les descendants de la famille prirent une décision symbolique pour protéger leur demeure : ils démontèrent le pont de pierre qui enjambait les douves, rendant l’accès au château plus difficile en cas d’invasion ennemie.
Lorsque la guerre prit fin, la famille voulut honorer ceux qui ne revinrent jamais. En 1920, elle fit ériger, sur ses terres de Scrupt, un calvaire monumental en mémoire des enfants de la paroisse tombés au champ d’honneur. L’inauguration se fit en présence de l’évêque de Châlons.
Le XXᵉ siècle : un château partagé entre deux lignées
Au fil du temps, le château de Bussemont continua de vivre au rythme des générations. Dans la seconde moitié du XXᵉ siècle, il fut partagé entre deux branches de la famille Morillot :
- L’aile gauche est occupée par François Morillot (1922-2006) et son épouse Agnès de Brémond d’Ars (†2018).
- L’aile droite par sa sœur, Marie Morillot (1920-2012), et son époux Frédéric Le Conte.
Une renaissance au XXIᵉ siècle
En 2011, le château de Bussemont est acquis par Monsieur Mohamed Almoayed. Dès 2013, il entreprend d’importants travaux de restauration, avec passion et minutie. Grâce à son investissement, le château a retrouvé son éclat et se présente aujourd’hui comme « une perle dans un écrin de verdure ».
Informations recueillies par Mme Sylviane Husson (ancien Maire de St Lumier la populeuse)
AVANT/APRÈS

Un cadre magnifique
Le parc du château de Bussemont s’étend sur 36 hectares et se présente comme un écrin de verdure où se rencontrent harmonie, élégance et sérénité. Son joyau incontestable reste le jardin à la française qui s’étend du château jusqu’à la rivière Bruxenelle, marquant la frontière naturelle du domaine.
On y découvre un labyrinthe ludique, un gazebo romantique, une grande fontaine majestueuse et de magnifiques broderies. Au cœur du domaine, une roseraie exceptionnelle abrite les roses Deena de Bussemont, créées en mémoire de l’épouse du propriétaire.
Entre rigueur et inspirations multiples, ce parc est le fruit d’un travail titanesque, entretenu chaque jour par une équipe de jardiniers passionnés. Chaque détail reflète la vision et les dessins du propriétaire, faisant du domaine un lieu unique, à la fois patrimonial et vivant.










